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Photo du rédacteurCorneille Bastjaens

Paul Delvaux, Le Voyage légendaire (1974), fresque, d'après Gros & Delettrez, Pinterest et Google




LE VOYAGE DE CHAUDFONTAINE


l fut un temps où une journée de plaisir aux bains de Chaudfontaine mettait d'accord des Liégeois qui s'étaient injuriés. Lors d'un copieux diner après leur première cure thermale, Marie Bada la harengère et la cousine Adèle comparent leurs maris (traduction personnelle).


MAREYE BADA


Qui m' lét n'a-t-i broûlé qwand dj' m'èhala d'in-ome ! Po poleûr m'ènnè d'fé J'îreu nou-pîs a Rome. C'è-st-ine creû èl mohon ! Si lon qu'on djoû èst long, i n' fêt qu' rûter, dihinde, monter, ram'hi, toûrner ; i hére si né d'vins tos lès pots ; i m' fêt dâner a k'taper tot ! Dji n'a, divins m' toûrmint, d'ôte consolâciyon qui d' lî hov'ter lès rins avou l' cowe di ramon.


Je me suis brûlé les doigts en m'encombrant d'un homme ! Pour m'en défaire J'irais à Rome les pieds nus. C'est un calvaire dans la maison ! Toute la sainte journée, Il ne cesse de grommeler,descendre, monter, fureter, rôder ; il fourre son nez dans tous les pots ; il m'exaspère à tout chambouler ! Dans mon malheur, ma seule consolation est de le pousser dans le dos avec le manche du balai.


ADILE


Por mi, dji n' mi plind nin dè mèn' ; dj'èl f'reû bouwer divins ine tène. Qwand dji dwèm', i hosse lès-èfants : il-èst so l' pî dè dwèrmi d'vant ; â matin, dji prind m' té è lét, c'èst lu qui deût mèl vièrser. I m' mèt' mès tchâsses, i m' done mès moles ; i heûre djusqu'âs prôpès cass'roles ; I home li tchâr, i k'tèye li djote. èt qwand i m' plêt, i fât qu'i trote. Si l' vosse èst fayé, tan pés vât ; dji n' sé nou r'méde qui d' broyî s' mâ.


Moi, je ne me plains pas du mien : je lui ferais faire la lessive dans une bassine. Quand je dors, il berce les enfants : pour peu il s'endormirait avant eux ; le matin, je prends mon thé au lit, et c'est lui qui doit me le servir. Il m'enfile les bas, me passe mes pantoufles ; il fait même blinquer les casseroles ; il écume le pot-au-feu, il découpe le chou, et quand ça me plait, il doit marcher à la baguette. Désolée si le vôtre est maussade ; je ne connais pas d'autre remède que de se résigner.


"Li Voyèdje di Tchôfontinne" (dont la gare est évoquée par Delvaux) est un opéra comique écrit en 1757 par Simon de Harlez et les trois bourgmestres liégeois de Cartier de Marcienne, de Vivario et Fabry (musique de Jean-Noël Hamal) - Photos Google + Les Musiciens wallons d'Elisa Meynaerts-Wathelet (Institut Jules Destrée 1963) et Petite Anthologie Liégeoise de Maurice Delbouille, Librairie Paul Gothier 1955 (Ecole primaire communale de Liège, Boulevard de la Sauvenière, année scolaire 1959-1960). Extrait d'une de nos publications Facebook.


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